Acte II Chapitre II : Antique rituel

[Guilhem Chandrael Milistoir (Astérion)]

[1]Je suis dans mes bottes comme un gamin dans les couloirs d’un palais : émerveillé, mais pas tout à fait à ma place.

Tu crains, tu crains… Pourquoi tu crains, Sylvio ?

La fée est d’une beauté tranchante, presque douloureuse à regarder : plus parfaite qu’un être vivant ne devrait l’être, trop noire de regard pour être rassurante.

Je souris, mais mes mains sont un peu moites. Je sais que je devrais avoir peur, alors pourquoi ai-je surtout envie d’avancer ?

Lorsque la femme ailée me fixe, c’est comme si elle fouillait non pas mes pensées, mais tout ce que je n’ai jamais dit. Elle demande mon nom, et je l’offre sans détour... Bien qu'il ne faille pas.

Je suis Guilhem Chandrael Milistoir de Frontière.

Je m’incline, profondément mais sans servilité. C’est la première fois depuis longtemps que je prononce mon nom en entier.

Fils de Joscarin, et de Maud Loscarna. J’aime à croire que certains veillent sur moi…

Mon pouce glisse instinctivement sur ma gorge, là où la spirale dorée pulse d’une chaleur nouvelle. Le geste est calme, presque intime. La marque luit, trop fort pour n’être rien.

Vous, peut-être ?

Je ne fanfaronne pas, c’est une question, pas une revendication. Un ruban tendu entre nous ?

Puis, la voix me revient, sûre, claire.

Un intrus a franchi vos terres. Un nécromant, Hegedüs Antal, aussi nommé Hubert. Il vient souiller Brekiliende de son rituel. Si rien ne l’en empêche, la forêt en portera la marque pour des siècles. Nous sommes venus pour l’arrêter, et préserver ce lieu avant qu’il ne soit corrompu.

Je baisse légèrement la tête. J’attends. Je ne me sens pas l'âme d'un condamné devant un jugement proche. J'attend comme on attend une réponse qui pourrait changer tout ce qu’on pensait savoir.

1.	Pour tous les mauvais élèves qui n'ont pas fait la cartographie de mes grains de beauté et compagnie ^^ : J'ai une tâche de naissance dans le creux du cou, près d'une clavicule, une spirale dorée pailletée. Je brille du col de chemise du coup

[Célestin Anar'vinyamar(sweck)]

Je reste immobile et muet à contempler la fée. Je suis a la fois fasciné par sa beauté et méfiant quant à ses intentions.

Visiblement elle ne s'intéresse qu'à Guilhem. Il doit y avoir un truc entre lui et les fées. Seul Sylvio semble savoir ce qu'il se passe. Espérons qu'il nous explique rapidement de quoi il retourne.

[Antoine Sosseniel Courmier(Kaochi)]

Je reste sur mes gardes, m'en tient à mes consignes. Si Guilhem souhaite parlementer avec la fée, très bien.
De mon côté, un vague hochement de tête, ma main serrée sur ma hallebarde d'argent.
Attendant.

[La chroniqueuse(Ewylana)]

L'Archifée

Mes terres ? Vous semblez bien ignorant du fonctionnement de cette forêt. Un mortel voilé de ténèbre est effectivement passé en ces lieux, se croyant protégé de mon regard. Et donc vous le poursuivez ? Quel hasard que vous vous retrouviez ainsi sur mon chemin, vous qui portez ma marque sans que je ne l'ai jamais apposée sur vous.   

[Antoine Sosseniel Courmier(Kaochi)]

Ça, ça pue.
Je guette la réaction de Guilhem. Qu'est-ce que ça veut dire ? Qu'en sait-il, lui ? Et surtout, que va t-il sortir pour arranger les choses ?

[Célestin Anar'vinyamar(sweck)]

Je me demande bien ce que c'est que cette histoire de marque de fée et ce que ça peut bien représenter. Mais on a une mission à accomplir et le temps presse.

Je tapote ma coutille nerveusement...

[Guilhem Chandrael Milistoir (Astérion)]

Je baisse un instant les yeux pour reconnaître que mes mots ont dépassé ma compréhension. Brekiliende n’appartient qu’à elle-même, et à ceux de son peuple qui savent y marcher.

Vous avez raison : j’ai parlé trop vite.
Quand j’évoquais “vos terres”, je ne pensais pas à un royaume qui vous appartiendrait… mais à un lieu qui n’a rien de mortel, un lieu où les lois des hommes ne s’appliquent plus.
Je sais bien que Brekiliende ne relève pas d’un seul être… pas même de vous.

Je laisse une petite seconde de silence, honnête, sans crainte excessive.

Mais je respecte les territoires où votre peuple marche. Et j’appelle “vôtres” ceux qui peuvent m’y annihiler d’un souffle si je m’y comporte mal. C’est peut-être une maladresse de mortel… mais une maladresse sincère.

Je relève la tête lorsqu’elle parle de la marque. La chaleur dans mon cou pulse encore. Je pose la main dessus, non pour attirer son attention, mais parce qu’elle brûle comme une vérité que je n’avais jamais envisagée.

Pour la marque… je n’ai jamais su ce qu’elle était. On m’a dit qu’elle était de lune, ou de rêve… mais jamais réellement qu’elle venait d’une fae. Si ce n’est pas vous qui l’avez apposée, alors… quelqu’un d’autre l’a fait.
Quelqu’un qui me connaît mieux que moi-même. Ou bien est-ce simplement le destin, ou une résurgence de ce qu'a pu être un jour ma lignée.

Je ne pose pas de question directe : les fées n’aiment pas qu’on exige. Je laisse simplement l’idée flotter.

Quant à l’homme que nous poursuivons… oui, il a traversé ces territoires féeriques. Et il n’y a rien de “hasardeux” à ce qu’on suive sa trace.
Nous cherchons seulement à empêcher qu’il ne profane davantage ce lieu, qu’il soit vôtre, sien, ou à personne.
Brekiliende mérite d’être préservée des ténèbres qu’il porte.

Je mets un genou en terre comme on salue un ancien chant, un souvenir vivant. Mon regard remonte vers elle, stable, curieux, respectueux.

Si je porte une marque qui est de vous sans l'être et si pourtant vous la voyez… alors peut-être que ce n’est pas un hasard que vous me trouviez sur votre route aujourd’hui. Nous sommes aveugles aux traces que le nécromant a laissées... Vous, non, n'est-ce pas ?