La magicienne rouge se fige un instant, les yeux fixés sur Bran, un éclat glacial dans son regard. Ses doigts se contractent brièvement, trahissant une tension contenue. Lorsqu’elle parle, sa voix est basse, mais chaque mot est tranchant comme la lame d’un rasoir.

Renvoyez mon familier ?

 Elle incline légèrement la tête, un rictus crispé ourlant ses lèvres.

Voilà une manière bien cavalière de s’adresser à une alliée… forcée ou non.
   Elle fait un pas en avant, son regard glisse vers le diablotin qui s’est figé dans les airs, visiblement vexé, puis elle revient à Bran.

Mon compagnon est insupportable, c’est vrai.
Insolent, irrévérencieux… mais terriblement loyal.
Et il a traversé plus de plans que vous n’avez vu de lunes.
Le menacer pour quelques paroles déplacées, c’est une réaction d’impulsif, pas d’enchanteur.
  Elle respire profondément, se redressant avec une élégance autoritaire, puis tourne ses yeux vers Rindawan.

Et vous… , commence-t-elle, la voix plus froide encore, 
…vous me menacez, puis me donnez des ordres ? Charmant  façon d’entamer une collaboration.
  Elle s’avance de quelques pas, son regard ancré dans celui du guerrier.

Deux pas derrière moi, dites-vous ? Soit.
Mais souvenez-vous que c’est une magicienne que vous suivez, pas une esclave.
Je ne vous tournerai pas le dos.
  Elle marque une pause, puis ajoute, un brin sarcastique :

Et entre nous… votre place de guerrier, n’est-elle pas plutôt à l’avant, là où se brisent les lames et non les mots ?
   Un silence tendu s’installe l’espace d’une seconde.

Quoi qu’il en soit, j’espère que votre cohésion est meilleure face au danger qu’autour d’un foyer.
Sinon, nous ne ressortirons jamais vivants de cette île.
  Le diablotin, quant à lui, virevolte en silence dans un coin de la pièce, se gardant bien de faire le moindre commentaire… pour une fois.