La magicienne rouge tourne lentement son regard vers Kruppe, l’observant d’un air intrigué, presque amusé par la précision de ses remarques. Un pli de réflexion barre son front tandis qu’elle croise les bras, l’étoffe cramoisie de sa robe bruissant légèrement sous le mouvement. Son ton est calme, mais la curiosité perce sous sa voix.

Une clé planétaire, dites-vous…
Voilà un détail intéressant que vous aviez omis jusqu’à présent. 

  Ses yeux brillent d’un éclat nouveau, un mélange de surprise et d’analyse rapide.

Non. Ce n’est pas ainsi que je suis arrivée ici.
 Nous avons utilisé un portail préparé par Tyreus lui-même, à l’aide d’un rituel complexe
 je ne sais pas d’où il en tenait les instructions, mais il semblait savoir exactement ce qu’il faisait.
   Elle fait quelques pas dans la pièce, lentement, le regard perdu vers l’un des rayonnages effondrés.

Quant à la clé que vous évoquez… ce n’était pas l’objet de notre recherche directe.
Tyreus s’intéressait à des artefacts liés à la lignée de sa descendance, et s’il pensait que cette clé pouvait en faire partie, il ne me l’a pas dit.
   Elle se tourne vers Valerion et Bran à nouveau, le visage plus fermé.

vous pouvez m'appeler Morwena et ,en réalité, je crois qu’il nous a manipulés depuis le début.
Vous n’êtes pas les seuls à avoir suivi des traces, mais il semble qu’il soit toujours resté quelques pas devant tout le monde.
  À la mention du sous-sol, elle plisse légèrement les yeux, comme si elle y repensait avec un agacement ravalé.
 
Si je ne suis pas descendue… , commence-t-elle, sa voix plus sèche, 
…c’est parce que lorsque j’ai compris que j’étais piégée ici, j’étais seule.
Le portail que nous avions utilisé s’était refermé, le temps s’écoulait bizarrement, et je n’avais aucune certitude sur ce que je pouvais trouver là-dessous.
   Elle soupire, puis poursuit d’un ton plus posé :

Peut-être Tyreus a-t-il piégé le sous-sol.
 Peut-être l’a-t-il détruit.
Ou peut-être pense-t-il que je suis trop faible pour comprendre ce que j’y trouverais.
Quoi qu’il en soit, s’il a passé du temps en bas, c’est qu’il y avait quelque chose d’important… et maintenant, nous avons la force du nombre.
  Elle avance lentement vers Kruppe, ses traits sérieux, résolus.

Vous avez raison sur une chose : si nous voulons sortir d’ici, nous devons aller au fond de ce lieu.
Et je vais vous accompagner. 

  Son regard fait le tour du groupe, puis elle ajoute

Je veux quitter ce monde tout autant que vous.
 Et je n’ai plus aucune loyauté envers Tyreus.
Quand nous serons dehors, chacun pourra suivre son propre chemin, et je ne vous devrai rien.
  Elle se détourne, rajuste sa ceinture et fait quelques pas vers la porte qui mène plus loin dans la maison, sans se retourner.

Allons-y.
Je commence à avoir assez de cette prison dorée.
  Pendant qu’elle s’éloigne, le diablotin ricane doucement en voletant au-dessus du groupe.

Héhé… Elle commence à causer comme vous, vous trouvez pas ?
Presque raisonnable, la Dame Cramoisie !
 Mais moi, je vous le dis… ce sous-sol, il pue les ennuis à plein nez !
On parie qu’il y a quelque chose qui attend juste qu’on descende ?
  Il fait une pirouette dans les airs, bras écartés.

 Mais bon, quitte à mourir, autant le faire ensemble, hein ?
   Et il rit à gorge déployée, disparaissant un instant derrière une poutre du plafond, alors que le groupe s’apprête à se mettre en marche.