Le problème avec Paterson quand on entre dans son bureau c'est qu'on ne sait jamais de quelle humeur il est. Son visage ressemble en permanence à celui d'un gars qui a mille problèmes à régler sur sa journée. D'ailleurs depuis qu'elle est là, Tawana ne l'a jamais vu sourire même à une blague débile de Michael. C'est dire qu'il a eu l'occasion.
lui ordonna-t-il quand Tawana fut entrée dans la pièce.
Pour un peu, elle aurait eu l'impression d'être dans une salle d'interrogatoire avec un agent du BIA qui venait la cuisiner. C'était une étrange sensation quand on était de l'autre côté de la barrière avec l'insigne accroché à la ceinture. Enfin de mémoire elle ne l'avait jamais entendu gueuler depuis qu'elle était là.
- Alors comment se passe cette intégration ? Vous vous habituez à la ville ?
Les mains posées sur le bureau, ses clefs de voiture et son insigne à côté de son ordi. A part ça tasse de café des Redskins, rien de personnel. A ce stade, elle ignorait même s'il était marié ou avait des enfants.
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1451 Research Park Drive, Riverside, c'est là que se situe le Bureau of Indians Affairs à Los Angeles. un bâtiment sans prétention dans un zoning d'activités assez récent bien loin de l'officielle et imposante façade des bureaux du B.I.A à Washington. Le pick-up blanc de Moore et garé sur l'avenue comme à son habitude, il pourrait avoir sa place immatriculée mais franchement c'est le détail dont il se fout complètement. Ce qui intéresse Moore c'est de protéger les droits de sa communauté et de bien faire son job pour se regarder en face dans la glace le matin. Il est correct envers ses hommes, compréhensifs dans les situations familiales difficiles et il a même aidé certains du bureau lors de divorces et séparations sans jamais s'en venter.
Lui n'est pas marié, sauf avec sa planche de surf, il pratique tous les matins et tous les soirs et quand c'est pas possible, son humeur s'en ressent un peu. Cinquante ans bien tapés mais comme plein de californiens, il entretient sa force, fait attention à ce qu'il mange et mieux vaut ne pas laisser trainer de junk food sur son bureau sinon on a droit à un petit sermon sur la nourriture transformée et ses méfaits pour le corps et la tête.
Tous les matins, 7 heures am il est assis à son bureau et il se casse vers 17 pm pour surfer. Par contre son portable est ouvert jusque 22h pour traiter les affaires si ses hommes ont besoin de lui. Raison pour laquelle il a pris en charge hier soir l'affaire qui l'occupe.
Quand Cal est arrivé, la porte vitrée s'est ouverte.
- Wilson, vous pouvez venir dans mon bureau s'il vous plait ?
En plus d'être correct et responsable, Adam Moore est poli. S'il n'avait pas dit "s'il vous plait et merci" un millier de fois, sa grand-mère lui aurait botté les fesses.
- Bonjour Wilson, asseyez-vous. Vous voulez un café ?
Moore est un amateur de café et il a installé dans son bureau sa machine, pas du tout sur les frais du bureau mais il en fait profiter tout le monde. Quand on a un briefing avec le chef, immanquablement on a droit a un bon café.
Avec Méthode Moore a préparé le café, peut-être que lui aussi a fait l'armée, Cal l'ignore
- Bon je suppose que vous avez eu Ollie Cromwell au téléphone ?
Le café passe avec son bruit caractéristique, d'abord le grain qui est moulu puis l'eau qui passe dans la mouture.
- J'ai reçu le dossier de ce Don Wilson, votre oncle, c'est ça ? Vous pouvez m'en dire un peu plus ?
La tasse de café arrive fumante devant Cal tandis que son supérieur pose la sienne à distance raisonnable du dossier et s'assied.
- Le chef Paterson à Washington et moi, on a un peu cette impression aussi. Pourquoi un type qui ne fait de mal à personne et qui traine dans la ville va tout d'un coup commettre un meurtre au milieu de nulle part ? Bien sûr il y a les coups de folie mais vu la victime c'est quand même gros.
Moore ouvre le dossier, tourne les pages et s'arrête sur la photo d'une femme. Il tourne le dossier pour que Cal découvre le visage de la victime du meurtre. Dès qu'il l'a sous les yeux, Cal ne peut que la reconnaître. Jessica Aldred, la journaliste d'investigation du Daily News Los Angeles. Récemment elle a écrit des articles qui ont fait grand bruit sur la mafia et ses ramifications jusqu'aux plus hauts niveaux de la société.
Moore a commencé à siroter son café laissant Cal parcourir le dossier pour se faire une idée.
- Votre oncle a besoin de quelqu'un de sa famille à ses côtés et vous êtes le mieux placé.
Je pourrais vous dire aussi que je n'ai personne d'autre à mettre sur l'affaire mais vous et moi savons très bien que je pourrais switcher avec un autre agent et vous faire reprendre son enquête.
Alors officiellement Paterson envoie un agent de Washington, l'agent Tawana Delgado, elle enquête sur le meurtre et vous vous allez mettre le nez à Palm Springs pour voir si une mafia étrangère louche sur les affaires des Cahuillas et qui serait peut-être lié au fait que Madame Aldred ait décidé de prendre ses vacances dans notre belle station balnéaire. De cette manière vous êtes sur place pour aider votre oncle à se trouver un avocat, vous faite le topo de la région à l'agent Delgado qui travaille sur le meurtre et devra effectivement être l'unique interlocuteur face aux accusations portées à l'encontre de votre oncle et nous nous allons plus loin avec l'assentiment du chief Paterson pour tirer ça au clair.
Ca vous parait clair ?
- Vous avez la tête sur les épaules Wilson, je vous fais confiance. On se contacte par Visio conférence chaque soir avec l'agent Delgado vers 20pm si ça vous convient tous les deux, vous verrez et je reste en liaison avec Washington parce que ça va secouer quand la mort d'Alfred va être publique, ça va être les spotlight sur Palms Springs, croyez-moi et et ça va agiter les mentalités.
Alors ce café ? Toujours aussi bon ?
C'est complètement décalé dans la conversation mais Moore change régulièrement de café, de marque d'eau minérale et cherche le café parfait.
- Bon, je vous laisse bosser Wilson et organiser Palm Springs.Vous avez mon portable en cas de problème et c'est ouvert H24 en ce qui concerne cette enquête.
Inutile de rappeler à Wilson qu'il doit ramener ses notes de frais, envoyer le double des demandes à la compta, l'armée a du bon.
- Et si vous voulez un autre café dans la journée, ne vous gênez pas.
Après avoir géré cela, on va s'occuper de l'avocat pour mon oncle. Ca tombe bien, j'en connais un, aussi je compose le raccourci de numéro le plus utilisé sur mon téléphone.[/rp]
Allo Hailey ?
- Hey, comment ça va ? T'es déjà au bureau ?
Il y a eu un silence au téléphone pas à cause de ce que vient de lui demander Cal mais un coup d'oeil à son agenda.
- Bien sûr tu peux compter sur moi. Je peux être à Palm Springs dimanche fin de matinée jusque lundi matin. Dès que tu as le rapport de police tu peux me faxer ça à la maison, pas au bureau avec mon père. Je regarde et on se rappelle pour faire le point. Tu peux donner mon portable à la police et mon nom, je défendrais ton oncle.
Qui est la victime ?
Il y eut un blanc au téléphone.
<pense:>"Ah oui quand même ..."
- J'ai lu ses articles, très intéressant, mafia italienne, mafia japonaise et elle allait en écrire un autre à la rentrée. Ca pourrait être un motif.
Bon je rassemble que j'ai et j'attends ce que tu peux m'envoyer.
Un autre blanc.
- Et ne t'inquiètes pas pour ton oncle.
- Mademoiselle Delgado ? Nous venons d'attérir Mademoiselle
Une voix féminine et agréable tire Tawana de son sommeil alors que l'avion est à quai et que les passagers de la classe économique débarquent déjà. Une prévenance et une attention qui est importante pour la compagnie. Elle attend que la jeune femme assoupie émerge et propose même un café à emporter. C'est ensuite le temps de débarquer avec les formalités que cela implique même pour les vols intérieurs.
A la sortie un type d'1,90 m chemise blanche, jeans d'excellent facture, boots "Under Armour" insigne à la ceinture à gauche et armé, porte un panneau avec T. Delgado bien visiblement écrit.
Un sourire quand je réponds.
Nullement. Venez, on va se mettre en route.
Et je commence à me diriger vers la sortie de l'aéroport, tranquillement. Je me tiens sur sa gauche, volontairement, et reste attentif aux alentours.
J'ai réservé ce matin à Palm Springs. On devrait arriver en début de soirée, normalement...
Je vérifie l'heure à ma montre d'un coup de poignet.
Les highways devraient être moins chargées, on devrait mettre dans les deux heures à arriver. On pourra profiter de la route pour discuter de la marche à suivre, notamment concernant mon rôle un peu bâtard.
Une fois sortis de l'aérogare, je me dirige vers ma voiture, une Mustang bleue rutilante. Il fait encore bien chaud, j'ai chaussé des lunettes de soleil au verre réfléchissant oscillant du jaune au rouge.
(https://mustangattitude.com/mustang/2006/2006_00021_01.jpg)
J'ouvre le coffre et fait signe à l'agente qui m'accompagne.
Mettez votre sac à côté du mien, je vous en prie.
Normalement il y a la place à côté, le sac militaire a beau prendre de la place ca ira. Je lui ouvre la portière et entre dans la voiture, profitant du temps qu'elle s'installe pour mettre en marche le GPS vers notre hôtel.
J'ai une petite moue de contrariété à l'évocation du pédigrée de mon coéquipier, et m'en explique assez rapidement: Je ne vais pas te mentir; je n'ai moi-même aucune expérience en la matière et c'est ma première "affaire" au sein du Bureau. Je t'avoue que je suis un peu surprise que le B.I.A délègue une enquête qui m'a quand même l'air assez sensible à deux "débutants". On parle quand même ici d'un homicide, du moins en apparence, d'une personnalité connue...
Consciente d'avoir peut-être "fait peur" à mon interlocuteur, je me rattrape immédiatement: Je ne dis pas que nous n'en sommes pas capables, entendons nous bien ! Mais à part les séries policières, je n'ai pas vraiment de bagage en matière d'enquête criminelle...
Je me permets de passer au tutoiement. D'abord, parce que nous conversons en anglais et qu'il n'y a pas de distinction entre le "tu" et le "vous". Et ensuite, parce que cela me paraît plus naturel au bout d'un certain temps entre deux agents qui vont travailler ensemble.
- Bonsoir Monsieur Wilson, je m'excuse de vous déranger aussi tard en fin de semaine, je suis John Medina. Nous ne nous connaissons pas, je suis guide à Taquiz Canyon près de Palm Springs.
Il y eu une pause pour laisser à son interlocuteur le temps de le situer.
- Je m'excuse par avance de m'immiscer dans ce que vous considérez surement comme privé monsieur Wilson mais c'est moi qui ait découvert votre oncle à côté de la victime en faisant ma ronde avant d'ouvrir le parc aux touristes et Ollie Cromwell m'a confirmé vous avoir appelé.
Une nouvelle pause laissant cette fois-ci réagir son interlocuteur. Le ton est calme, posé, très respectueux laissant transparaître la personnalité de John Medina que les locaux appellent Long John en raison de ses 1,97 m
- Je comprends. Vous êtes basé à Los Angeles m'a-t-on dit. Comptez-vous venir à Palm Spring Monsieur Wilson ?
- Je suis inquiet pour votre oncle Monsieur Wilson, c'est un bon bougre, un peu spécial certes et j'aimerai l'aider.
Le calme et la sincérité semblent être de mise dans la voix.
- J'ouvre le parc à 9:00 am Monsieur Wilson et avant j'ai une bonne heure pour checker toutes les installations. Et le soir pareil, je fais le tour pour voir qu'aucun touriste n'est égaré. Je préfèrerai vous rencontrer sur le terrain à l'heure du déjeuner.
Bien sûr si c'est un convocation officielle dans les bureaux je peux m'arranger mais je ne suis pas sur de trouver quelqu'un pour demain matin, il est déjà plus de 21h.
Il y un instant de silence avant ue long John ne dise
- Et puis j'ai des choses à vous dire sur l'endroit.
Des choses qu'il n'avait pas dit aux enquêteurs, des choses qu'on ne dit pas aux blancs qui ne comprennent rien aux esprits.Il espérait que le neveu de Don Poys'boy Wilson capte qu'il fallait mieux venir sur le terrain même si c'était un citadin.