Ébloui par la grâce divine qui émane de cette sainte procession, je suis tombé à genoux, le front dans la terre, pour accueillir avec l'humilité requise la vision de cette chevalerie céleste et plus encore de la flamme divine qui était en son cœur.
C'est donc le regard illuminé, le sourire béat et le cœur en joie que je m'approche des voyageurs qui ont, eux aussi, assisté à cette épiphanie grandiose. Ma robe de bure élimée et tâchée, mes sandales usées par la route, mon bâton de pèlerin caractéristique, ma tonsure, le crucifix de bois simple sur mon torse ... tout me désigne comme un simple moine de la Sainte Église de la Vraie Foi.
Certes mon corps est maigre et corseté, ma barbe et mes cheveux bruns ne font l'objet d'aucun entretien, mon habit religieux est modeste et usé, mais mon regard est perçant, vif et clair, et mon expression résolue et affable.
Alors que j'approche, le visage enjoué et ravi, un jeune chevalier m'interpelle. Cette voix éveille un écho dans mes souvenirs, et il ne me faut guère longtemps pour reconnaître l'homme.
Arthur ? Est-ce bien vous Arthur ? Ainsi, l'oiseau revient toujours au nid, et le novice en son abbaye !
J'ai un rire clair et sincère, qui résonne de mon allégresse sereine.
Je suis fort heureux de vous revoir ! Vous voici chevalier, comme vous le désiriez tant, et assorti d'un bel équipage. Je n'ai jamais douté de votre vocation et de votre dévotion à la cause sacrée de votre ordre. Votre piété et votre bienveillance étaient déjà notoires et remarquées.
J'observe ses compagnons, les saluant d'un sourire et d'un geste amical de la main, comme s'ils étaient de vieilles connaissances. Après tout, nous sommes tous frères et sœurs en Dieu.