Je démonte et laisse la jument se dégourdir sans son fardeau après avoir sorti une corde de mes fontes. Bien au fond, tout au fond, c'est à dire que ce n'est pas ce que je sors le plus souvent de là-dedans, parfois je me demande même pourquoi je me trimbale un truc si lourd pour la sortir une fois par an. Enfin... Je suis bien content qu'elle soit là. Je l'attache solidement à un arbre proche que celui qu'a choisi Davog puis je la lui tends.
Je reste proche de la rive. Les graviers crissent sous mes bottes et l'eau vient presque me lécher les orteils. Je regarde le géant s'enfoncer dans le courant cramoisi, faisant fi de toutes les symboles inquiétants que je pourrais trouver à le voir ainsi se plonger dans l'eau rougie. Je surveille les flots bouillonnants, à l'affût d'un quelconque souci, que je sais de fait ne pas pouvoir prédire. Et d'une voix qui se veut encourageante je lui précise s'il dévie du chemin qui me parait le plus approprié.