Cry Me A River : Lundi matin 4 juillet 2016

J’étais abasourdie. En l’espace de quelques minutes, j’étais passée de la joie de retrouver mon cousin pour, pendant quelques semaines, le garder presque entièrement pour moi à la tristesse et la détresse la plus totale. Je sentais la peur sourdre, convaincue qu’il n’aurait pas choisi de partir sans prévenir personne…
<pense:>En es-tu si sûre, me souffla une petite voix insidieuse.
Je ne l’écoutai pas tandis que, sans vraiment les voir, je feuilletai l’album photo dans lequel notre grand-mère conservait précieusement les souvenirs du passé.
Aïe, mes yeux venaient de se poser sur une photo dont j’aurais préféré qu’elle ne fut pas conservée. Ce n’était pas le moment de me laisser envahir par les réminiscences d’un de mes pires souvenirs. Et pourtant même dans les moments les plus sombres il pouvait en ressortir des choses positives. Ce triste épisode n’avait-il pas après tout contribué à nouer les liens qui nous unissaient encore aujourd’hui.

Que c’était-il bien passé depuis vendredi soir ? Qui était cette amie chez qui il était allé dormir ? Autant de questions qui tournoyaient dans mon esprit et pour lesquelles, espérais-je la police aurait rapidement des réponses…
<pense:>S’ils ne bâclent pas leur enquête, persifla à nouveau la petite voix. <pense:>Tu sais bien ce qu’ils vont dire. A son âge, l’esprit d’indépendance et les hormones aidant, il prend du bon temps et va finir par réapparaître.
La main sur l’album, incapable de passer à la page suivante, mes yeux restaient focalisés sur le sapin de noël richement décoré.
<pense:>Se pourrait-il…? Je devais en avoir le cœur net, et je m’apprêtais à sonder mes grands-parents pour savoir ce que disaient les forces de l’ordre quand je fus interrompue par la sonnette.

Je me levai et me dirigeai vers la porte pour obtempérer sans décrocher un mot.
<pense:>J’espère que ce ne sont pas des journalistes. Ces chacals sont pires que des charognards.

La porte s’ouvrit sur une jeune femme rousse fort bien faite de sa personne. Ses longs cheveux roux tombaient en cascade, comme à leur habitude, encadrant un visage d’albâtre que nulle tâche de rousseur ne constellait.
Ses yeux s’écarquillèrent de surprise en voyant les deux personnes qui lui faisaient face.
— Stephen ? Jared ? Vous avez appris…. Oh, euh entrez, entrez.

Je pris le plat pour débarrasser Stephen et manquais de le faire tomber tellement mes mains tremblaient. Pour éviter la catastrophe je le posai aussitôt sur une desserte du vestibule de l’entrée.
— Granny, c’est Stephen et Jared notre voisin.

J’étais contente de les voir surtout Stephen. Pourtant, leur venue, leurs mines abattues me coupèrent le souffle, comme officialisant quelque chose qui pour moi n’était pas encore sorti du cercle intime de la famille. Je restai là, plantée au milieu de la pièce au lieu de les convier à passer dans le salon. Je voulais être forte ; je l’avais été jusque-là ravalant mes larmes. Mais il faut croire qu’il fallait qu’elles sortent. Sans crier gare, je me jetai dans les bras de Stephen, pleurant à chaudes larmes.

Update pour correction mise en forme

J'entre à la suite de Stephen, les mains dans les poches de ma grande veste. Je grimace en voyant Ashley fondre en larmes. Je sais pas ce qui se passe en ce moment, mais c'est vraiment le bordel autour de moi .... l'été avait pourtant bien commencé, mais là... c'est la série, mon frère à l'hosto, et Peter qui a disparu. Je pousse un long soupire, puis j'avance vers Ashley et Stephen. Stephen, mon poto, ça fait super plaisir de la voir, même si j'aurai préféré que ça soit dans d'autres circonstances. il a vachement grandit le con.

Je passe ma main dans le dos d'Ashley.
"Ash... c'est pas si grave que ça nan ? Tu sais, il doit être en train de faire le con quelque part, on va le retrouver, ok ?"

Jared est un jeune homme de taille moyenne, dans les 1m70, les cheveux bruns, coupés très courts, une barbe naissante, mal rasée, le teint halé. Il a souvent le sourire aux lèvres, et l'heure rieur, toujours en train de réfléchir à la prochaine conneries à faire. Il porte un petit anneau argenté à l'oreille gauche.
Il porte un jean usé, troué aux genoux, un tshirt noir et un grand manteau militaire, avec des boutons dorés. Au pieds, des converses montantes bleues marines

"Allez... tu nous racontes ce qui s'est passé ?"

Me retrouver avec Ashley dans les bras... bon sang, j'ai l'impression de revenir au temps où on sortait ensemble. Mon artiste hypersensible[1]... Alors que moi, pour m'arracher une confidence ou que je fasse tomber le masque... M'enfin là, quand même difficile de jouer au caillou. Surtout que je n'ai pas forcément été très correct avec elle par le passé et que j'éprouve toujours une peu de culpabilité envers elle.
Si au moins je peux lui apporter du réconfort, ça sera déjà ça. J'essaie de faire passer des ondes positives ou je-ne-sais-quoi, genre câlin rassurant : il parait que le côté grands bras solides, ça peut aider... même si je suis plutôt doué pour les gueulantes de quart-temps moi.

- Jared à raison. Peter est un malin. Je suis sûr qu'il est sain et sauf.

Les paroles de l’un comme de l’autre eurent au moins pour effet de me rasséréner. Les sanglots s’espacèrent et je repris peu à peu contenance. Je m’écartai de Stephen, les joues rosies[1] et luisantes des larmes qui achevaient à peine de couler. Sans même m’en rendre compte, je pris la main de ce dernier que je serrai dans les miennes avant de l’entrainer à ma suite.

— Je, je ne sais pas vraiment, bafouillé-je péniblement d’une voix faible.
Je lâchai finalement la main de Stephen pour sortir un mouchoir en papier et me moucher. Puis c’est d’une voix affermie que je repris la parole.

— Je pense que c’est plus grave que ça, enfin du moins qu’il n’est pas en train de faire l’imbécile quelque part. Ce n’est pas du tout son genre de rester aussi longtemps sans donner de nouvelles. Je ne sais pas exactement ce qui c’est passé. Je viens juste d’arriver et Granny n’est pas entrée dans les détails. Je m’apprêtais justement à lui demander ce qu’en pensait la police quand vous avez sonné.

Edward Plunkett

Le grand-père d’Ashley se lève de son canapé et vient vous voir tous les trois. Très rapidement du regard il vous jauge puis dit. « Je suis Edward le grand-père d’Ashley et Peter et dans le salon c’est ma femme Susan. » Il dit cela plus pour Stephen qu’il n’a jamais vue que pour Jared qu’il commence à connaitre un peu. Il écoute vos présentations respectives puis vous dit sur un ton un peu pressé.

« On doit aller voir le Shérif, est-ce qu’on peut vous confier Ashley mes garçons ? Je ne veux pas qu’elle reste seule et le Shérif m’a conseillé de garder quelqu’un à la maison au cas où on recevrait un appel téléphonique ou que Peter rentre. »