Par les chemins d'automne - acte VI : Sur les traces de Bretuald

Je passe au travers du buisson, dagues en main, juste pour apprécier la situation du regard... Et voir Davog proprement écraser Snaga sur une immonde créature mi-reptilienne, mi-oiseau, dans une grande gerbe de sang.

Et bien... Voilà un combat rondement mené.

Inutile que je lance les dés, du coup ?

Arthur romps la charge en entendant le "SPROTCH" s'échapper du crâne écrabouillé du monstre. Stupéfait par la puissance du barbare, il passe au petit trot et s'arréte à coté de Davog, l'épée - inutile - en main.

Ben dis donc, quel coup ! On m'a raconté des histoire sur un troll[1] capable de ce genre de choses, mais je croyais que ce n'était que des légendes ...

En arrivant sur place, Arthur et Joscarin découvrent Blezian étendu au sol, maculé de boue et de sang. Il semble blessé par de multiples coupures[1]...

Davog

Tu viens de voir Blezian se transformer devant toi. Est-ce que tu avais déjà assisté à cela ? Qu'est ce que tu as remarqué au cours de ce changement que tu aurais préféré ne jamais distinguer ? Quel effet cela te fait-il ?

Le silence est revenu. Un silence soudain. Un silence de mort.

La rage a habité mon bras d'une force de cyclope et lorsque ma lame s'est écrasée sur la créature, cela a été pour la détruire dans un fracas sinistre, purement et simplement. Déchiquetés, os, écailles et entrailles.

La respiration lourde, debout entre les deux parties des restes du monstre qui se répandent au et dans le sol, j'en tremble encore.
On pourrait croire que c'est mon état de colère qui s'estompe alors que mes yeux se posent sur Blezian.
Et c'est une très longue seconde qui s'écoule au même rythme que le sang noir glissant sur Snaga. Une longue seconde où je réprime malgré moi un haut-le-cœur...
J'avais déjà vu le druide se changer.. Enfin... Dans la pénombre, une simple ombre dont le corps se tord, se rétracte et s'allonge. C'était déjà assez...perturbant. Mais là, voir les chairs se retourner et avaler la toison du loup, les muscles se contracter ou se dilater, la gueule cassée pour reconstitué le visage de mon frère d'arme... Y'a de quoi faire rendre son petit-déjeuner au plus valeureux d'entre nous (moi, en l'occurrence) ! Heureusement que j'ai eu l'temps de manger grand-chose ce matin.

Je cligne des yeux et secoue la tête comme pour m'ébrouer.
Ce n'est pas un monstre blessé étendu devant moi : c'est Blézian !
Par tous les Esprits !
Ignorant le chevalier, je me précipite jusqu'à lui et, genou à terre, décide de le couvrir -oh ironie !- de la peau de loup qui couvre mes épaules tout en vérifiant s'il est toujours en vie.
Hé Josh ! T'as de quoi faire quelques soins ?, j'appelle sans me retourner.
À l'homme-loup, T'es toujours là ? Tu peux te lever ?

J'ai déjà été dans un pire état, au château par exemple. Ces multiples coupures ne me rappellent que mes jeunes années avec mon mentor dans les forêts inhospitalières du nord. Les chutes le long des pentes abruptes et du haut des arbres, les morsures de petits animaux apeurés ou les bleus suivis de coup de bâton durant les cérémonies des esprits. Même si, de l'extérieur, ça ressemble un peu à tout en même temps. Mais je vais bien.

C'est à ce moment que j'entend Davog et sa grosse voix s'approcher de moi. Son pas lourd à la suite de son coup qui comme la foudre semblait tomber du ciel: "Je vais bien, Rien de profond, ça aurait pu être bien pire, ce sera rapidement soigné." En essayant de me relever, je trébuche un peu en m'appuyant sur Davog. "Prête moi une de tes épaules veux-tu, tu pourrais soulever un bœuf alors moi..."